2025-11-28

Santé mentale au travail : quelles obligations de l'employeur ?

Décryptage des obligations de l’employeur en matière de santé mentale, des risques encourus et des actions concrètes à déployer.

Commençons par un chiffre qui interpelle : 25% des salariés français estiment avoir une mauvaise santé mentale au travail en 2025. Pire encore, les troubles psychiques représentent désormais 31% des arrêts de longue durée, un record qui pèse lourd sur les organisations.

La santé mentale au travail n'est plus une question secondaire reléguée aux marges de la politique RH. Elle s'impose comme grande cause nationale 2025, portée par une pression croissante : celle des salariés, qui attendent des actes concrets, et celle de la justice, qui multiplie les condamnations d'employeurs négligents concernant leur responsabilité en matière de santé mentale.

Car l'obligation légale et le droit à la santé mentale existent bel et bien. L'article L4121-1 du Code du travail impose à tout employeur de protéger la santé physique et mentale de ses collaborateurs. Une obligation de résultat, pas seulement de moyens. 

Et la jurisprudence récente ne laisse aucune place à l'approximation : en 2025, plusieurs arrêts de la Cour de cassation ont considérablement durci les sanctions. Face à ce contexte, comment articuler conformité juridique et démarche de prévention véritablement efficace ? Comment être à jour de ses obligations d’employeur en matière de santé mentale ? 

Décryptage des obligations, des risques encourus, et surtout des actions concrètes à déployer pour éviter une situation de détresse psychologique chez vos employés.

L'obligation de sécurité : un cadre légal qui se durcit

Article L4121-1 : une obligation de résultat étendue à la santé mentale

L'article L4121-1 du Code du travail ne laisse aucune ambiguïté : l'employeur doit "prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs".

Cette formulation, qui intègre explicitement la dimension mentale depuis plusieurs années, n'est pas qu'une déclaration d'intention. Il s'agit d'une obligation de résultat qui implique la mise en œuvre d'une démarche de prévention pour éviter le stress au travail.

Concrètement ? L'employeur ne peut pas simplement affirmer qu'il a "fait de son mieux".

Il doit démontrer qu'il a effectivement mis en œuvre tous les moyens nécessaires pour prévenir les risques psychosociaux (RPS) et identifier les risques. Et cette obligation s'applique dès l'embauche du premier salarié, quelle que soit la taille de l'entreprise. Aucune TPE ne peut invoquer ses ressources limitées pour s'exonérer de cette responsabilité fondamentale en matière de santé et sécurité au travail.

La jurisprudence 2025 : la Cour de cassation resserre l'étau

Les décisions récentes de justice illustrent un tournant. L'arrêt du 9 avril 2025 (Cass. soc. n°23-22.121) a validé l'approche d'un employeur qui avait réagi rapidement face à des signaux de mal-être : entretiens individuels formalisés, suivi RH régulier, mise à disposition d'un psychologue, enquête interne. L'enseignement ? La diligence et la traçabilité des actions comptent autant que les actions elles-mêmes.

Plus sévère encore, l'arrêt du 8 janvier 2025 (Cass. soc. n°23-19.996) : un employeur ne peut pas se retrancher derrière le fait qu'un salarié n'a pas explicitement qualifié sa situation de "harcèlement moral". Dès qu'une alerte est remontée sur un mal-être psychique grave, l'employeur a l'obligation d'intervenir. Le licenciement sans réaction préalable a été jugé abusif, et l'entreprise condamnée.

Mais c'est l'arrêt du 21 janvier 2025 de la Chambre criminelle (n° 22-87.145) qui marque vraiment les esprits : des dirigeants ont été condamnés pénalement pour avoir mis en œuvre une politique d'entreprise délibérément susceptible de porter atteinte à la santé mentale de leurs salariés. On parle ici de harcèlement moral institutionnel, à grande échelle, orchestré par l'organisation elle-même. Le message est limpide : ignorer les impacts psychologiques d'une stratégie managériale agressive n'est plus toléré.

Les sanctions en cas de manquement vis-à-vis des ses obligations d’employeur : un coût exorbitant

Au-delà du risque de faute inexcusable, qui majore considérablement les indemnisations dues au salarié, l'employeur s'expose à une responsabilité civile lourde. Les dommages-intérêts accordés par les tribunaux en cas de manquement à l'obligation de sécurité mentale se chiffrent désormais souvent en dizaines de milliers d'euros par salarié concerné.

L'absence de Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP) ou son défaut de mise à jour expose également à des sanctions pénales.

Mais le coût le plus insidieux reste indirect. Un environnement de travail qui dégrade la santé mentale génère absentéisme, turnover, perte de productivité. Quand on sait que les salariés en bonne santé mentale sont 39% plus engagés dans leur travail, l'équation économique devient vite défavorable. Sans parler de l'impact sur la marque employeur, difficilement réparable à l'ère des réseaux sociaux et des plateformes d'avis salariés.

Face à ces risques, la première étape concrète reste l'évaluation des risques psychosociaux.

Évaluer les risques psychosociaux : le DUERP comme boussole

Le Document Unique (DUERP) : obligation centrale et évolutive

Le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels, ce fameux DUERP, cristallise l'obligation d'évaluation prévue à l'article R4121-1 du Code du travail. Tous les employeurs, sans exception, doivent y transcrire les résultats de leur évaluation des risques professionnels, dont les risques psychosociaux – stress, burn-out, harcèlement, charge mentale excessive.

Ce document n'est pas figé dans le marbre. Il doit être mis à jour au minimum une fois par an, mais aussi à chaque modification importante de l'organisation du travail, lors de la révélation de risques non identifiés auparavant, ou après un accident grave. Le DUERP doit également être transmis au service de prévention et de santé au travail (médecine du travail) à chaque mise à jour. 

L'absence de document unique ou son défaut d'actualisation ? C'est pénalement sanctionné. Pas une simple formalité administrative ou une bonne pratique à encourager, donc. 

Le problème, c'est que trop d'entreprises traitent encore le DUERP comme un exercice de conformité superficiel. Un document générique, copié-collé, qui dort dans un tiroir. Sauf que la réalité des conditions de travail varie considérablement d'un secteur à l'autre, d'une équipe à l'autre. Un DUERP efficace en matière de prévention des risques psychosociaux doit refléter les spécificités de chaque environnement professionnel.

Les facteurs de risques psychosociaux à identifier pour être à jour de ses obligations d'employeur en matière de santé mentale

Quels sont concrètement les risques psychosociaux qu'il faut traquer ? La liste est plus longue qu'on ne l'imagine. 

  • La charge de travail excessive : délais irréalistes, objectifs inatteignables, heures supplémentaires qui s'accumulent
  • Les rythmes inadaptés : horaires décalés, amplitude horaire démesurée, impossibilité de déconnecter
  • Les tensions hiérarchiques et le manque de reconnaissance : management autoritaire, feedbacks inexistants ou uniquement négatifs, absence totale de valorisation du travail accompli...
  • Les violences : harcèlement moral, harcèlement sexuel, agressions verbales, incivilités répétées

Sans oublier l'organisation du travail elle-même quand elle génère de l'isolement, du flou dans les missions, ou des injonctions contradictoires.

Le contexte donne encore plus de relief à ces enjeux. Rappelons que 39% des salariés n'ont accès à aucune mesure de prévention en matière de santé mentale dans leur entreprise. Ce chiffre illustre le chemin qu'il reste à parcourir.

L'évaluation des risques n'est pas qu'une question de conformité : c'est aussi – et surtout – une question d'efficacité dans la protection réelle des salariés.

Les acteurs à mobiliser pour une évaluation pertinente

Remplir le DUERP seul dans son bureau, sans consulter personne ? Mauvaise idée. L'évaluation des risques psychosociaux exige une approche participative, faute de quoi elle passera à côté de l'essentiel.

Mais qui peut intervenir ? 

Le médecin du travail apporte son expertise médicale et ses recommandations basées sur les visites qu'il effectue. Il détecte des signaux que les RH ou les managers ne voient pas forcément. 

Le Comité Social et Économique (CSE) et les représentants du personnel jouent un rôle crucial dans la remontée terrain : ce sont eux qui captent les plaintes, les frustrations, les situations de souffrance au travail avant qu'elles n'éclatent. D'ailleurs, le droit d'alerte du CSE existe précisément pour signaler une situation de danger grave et imminent, y compris psychologique. Un outil à ne pas négliger.

Les managers de proximité, quant à eux, sont en première ligne pour repérer les signaux faibles et préconiser les bonnes ressources : un collaborateur qui s'isole, une baisse de motivation soudaine, des tensions inhabituelles dans l'équipe. Encore faut-il qu'ils soient formés à détecter ces indicateurs et à en faire quelque chose.

Enfin, les salariés eux-mêmes doivent être impliqués dans le choix des aides et outils, mais aussi le diagnostic. Qui mieux que les principaux intéressés connaît la réalité du terrain, les dysfonctionnements organisationnels, les sources concrètes de stress ? Une démarche participative – questionnaires anonymes, groupes de discussion, entretiens individuels – permet d'obtenir une photographie fidèle de la situation. 

Cette évaluation rigoureuse pose les bases. Mais elle ne suffit pas. Une fois les risques identifiés, encore faut-il agir concrètement pour les réduire.

De la théorie à la pratique : déployer une prévention efficace

Obligation d'Information et de formation : première ligne de défense pour la santé mentale au travail

L'information sur les risques psychosociaux n'est pas une option. Elle découle directement de l'obligation générale de l'article L41211. Les salariés doivent être informés sur ce qui peut les affecter : stress chronique, harcèlement moral ou sexuel, surcharge de travail, tensions hiérarchiques. Cette information doit être claire, accessible, pas noyée dans un livret d'accueil de 50 pages que personne ne lit.

La formation des managers mérite une attention particulière. Ce sont eux qui peuvent détecter les situations à risque. Un collaborateur qui décroche, qui multiplie les absences courtes, qui s'isole... Les signaux existent, encore faut-il savoir les lire. Former les managers à la détection précoce, à la conduite d'entretiens sensibles, à la gestion de crise psychologique, c'est investir dans la prévention réelle.

Mais voilà le problème : seules 23% des entreprises disposent d'un plan de prévention complet en matière de santé mentale. La majorité navigue à vue, réagissant aux urgences plutôt que d'anticiper. Résultat ? Des situations qui auraient pu être désamorcées dégénèrent en arrêts maladie prolongés ou en contentieux prud'homaux.

Adapter l'organisation du travail

On peut multiplier les formations et les dispositifs d'écoute, si l'organisation du travail elle-même génère de la souffrance, rien ne changera fondamentalement. C'est là que le bât blesse souvent. 

Réguler la charge de travail, ça veut dire quoi concrètement ? Revoir les objectifs quand ils sont irréalistes. Répartir les tâches différemment. Dire non à certaines demandes clients quand les équipes sont déjà saturées.

Les horaires méritent aussi qu'on s'y attarde. Garantir un temps de repos suffisant entre deux journées de travail, ce n'est pas du luxe, c'est une nécessité physiologique et psychologique. L'hyperconnexion fait des ravages : ces salariés qui répondent aux mails à 23h, qui consultent leurs messages le dimanche matin... L'équilibre vie professionnelle-vie personnelle n'est pas qu'un slogan pour startups branchées, c'est un facteur déterminant de santé mentale.

Favoriser l'autonomie et la participation des salariés dans l'organisation de leur travail réduit considérablement le stress. Quand on a une marge de manœuvre sur le "comment", on supporte mieux le "quoi". La reconnaissance du travail effectué compte aussi énormément. Pas forcément des primes – même si ça aide –, mais simplement reconnaître la contribution, dire merci, valoriser les réussites.

Les espaces de discussion réguliers, les points d'équipe où on parle vraiment de ce qui ne va pas (et pas seulement des KPIs), un encadrement de proximité actif plutôt que des chefs invisibles... Tout cela relève de l'organisation du travail. Et tout cela impacte directement la santé mentale. C'est d'ailleurs un des piliers de la qualité de vie et des conditions de travail.

Prévenir le harcèlement et les violences

Le harcèlement sexuel impose des obligations très spécifiques. L'article 222-33 du Code pénal doit être affiché dans les lieux de travail et à la porte des locaux d'embauche. Ce n'est pas négociable. L'affichage doit préciser la définition du harcèlement sexuel, les sanctions encourues, les recours possibles, et les coordonnées des autorités compétentes.

Dans les entreprises d'au moins 50 salariés, le règlement intérieur doit rappeler les dispositions relatives au harcèlement sexuel et aux agissements sexistes. Et surtout, l'employeur doit réagir vite : il dispose d'un délai de 2 mois maximum à compter de sa connaissance des faits pour sanctionner l'auteur. Passé ce délai, les faits sont prescrits sur le plan disciplinaire.

Le harcèlement moral obéit à la même logique de réactivité. Dès qu'une alerte est formulée, l'employeur doit enquêter sérieusement. Organiser des entretiens, entendre les parties, rassembler des éléments factuels. Et prendre des mesures : mutation, sanction disciplinaire, voire licenciement pour faute grave dans les cas les plus sévères.

Suivi médical : un filet de sécurité indispensable

Le parcours médical obligatoire structure le suivi de la santé des salariés. Tout commence par la visite d'information et de prévention (VIP), qui doit avoir lieu dans les 3 mois suivant l'embauche. Cette visite peut être réalisée par un médecin du travail, un collaborateur médecin, un interne ou un infirmier. L'objectif ? Connaître l'état de santé du salarié, l'informer des risques liés à son poste, lui donner des conseils de prévention.

Les visites périodiques suivent ensuite, tous les 5 ans en général, mais ce délai peut être réduit à 3 ans pour les travailleurs handicapés, les titulaires d'une pension d'invalidité ou les travailleurs de nuit. Pour certains postes à risques, un suivi renforcé impose une visite tous les 4 ans avec un examen intermédiaire.

La visite de reprise mérite une attention particulière. Elle est obligatoire après une absence d'au moins 30 jours suite à un accident du travail ou une maladie professionnelle, après 60 jours pour une maladie ou un accident non professionnel, et systématiquement après un congé maternité. Cette visite doit être organisée dans les 8 jours suivant le retour effectif du salarié. Tant qu'elle n'a pas eu lieu, le contrat de travail reste suspendu.

Le rendez-vous de liaison, introduit récemment, permet à l'employeur et au salarié en arrêt maladie de plus de 30 jours d'échanger sur les conditions de retour. L'employeur doit informer le salarié qu'il peut solliciter ce rendez-vous. Couplé à un entretien professionnel de reprise, ce dispositif facilite la réintégration et limite les ruptures.

Soutien psychologique et accompagnement en situation de crise

Face à une situation de souffrance psychique, l'employeur est tenu de réagir immédiatement pour espérer une amélioration de la situation. Cela passe par des entretiens individuels formalisés avec le salarié concerné, en présence d'un RH ou d'un manager formé. Ces entretiens doivent être tracés par écrit – non pas pour se couvrir juridiquement, mais pour assurer un suivi cohérent.

Contacter le médecin du travail devient prioritaire pour organiser un suivi médical adapté. Certaines entreprises mettent à disposition un psychologue ou des services d'écoute externe. Les cellules d'écoute et d'accompagnement en cas de crise (suicide d'un collègue, accident grave, restructuration traumatisante) s'avèrent précieuses pour éviter la contagion émotionnelle.

Le suivi RH régulier compte tout autant. Un point mensuel, même bref, permet de s'assurer que la situation ne dégénère pas. Et parfois, impliquer un tiers - conseiller externe, médiateur - aide à dénouer des situations bloquées.

En France, 32% des salariés stressés n'osent pas en parler. La stigmatisation au sein de l'entreprise autour de la santé mentale reste massive. D'où l'importance de créer un environnement où il devient possible de lever la main et de dire "ça ne va pas" sans craindre d'être étiqueté comme "fragile" ou "incapable".

Agir sur les sources de stress, notamment financier

On parle beaucoup du stress lié à la charge de travail, aux relations hiérarchiques, à l'organisation. Mais il y a un facteur qu'on néglige trop souvent : le stress financier. Un salarié qui n'arrive pas à boucler ses fins de mois, qui angoisse face aux factures, qui renonce à des soins par manque de moyens... ce salarié n'a pas la tête disponible pour son emploi.

Le stress financier n'est pas un sujet périphérique. Il impacte directement la concentration, la motivation, la santé mentale globale. Et il concerne une part croissante des salariés : l'inflation de ces dernières années n'a fait qu'aggraver le problème.

C'est là qu'interviennent des solutions innovantes comme celles développées par Klaro. En accompagnant les collaborateurs dans la découverte et l'accès à plus de 2 500 aides financières auxquelles ils ont droit (aides au logement, prime d'activité, aides à la mobilité, aides familiales...), une plateforme de ce type réduit concrètement le stress financier. 

Moins d'anxiété liée à l'argent, c'est mécaniquement moins de charge mentale, une meilleure capacité de concentration, un engagement renforcé dans son poste.

Cette approche s'inscrit pleinement dans une démarche de bien-être au travail globale. Elle ne remplace pas les actions sur l'organisation du travail ou la prévention du harcèlement, mais elle complète utilement le dispositif en agissant sur un levier souvent sous-estimé. D'autant que l'impact est mesurable : les salariés accompagnés gagnent en sérénité, ce qui se répercute positivement sur leur santé mentale et leur satisfaction au travail.

Ces actions de prévention nécessitent évidemment de s'appuyer sur les bons outils et partenaires.

Mobiliser les bons outils et partenaires pour respecter ses obligations en matière de santé mentale au travail

Le service de santé au travail : un partenaire obligatoire

Il est tout d’abord nécessaire d’adhérer à un service de santé au travail, et ce, dès l'embauche du premier salarié – articles L4622-1 et L4622-6 du Code du travail. Pas d'exception pour les TPE, pas de dérogation pour les contrats courts. C'est une obligation absolue.

L'employeur peut créer un service interne s'il a la taille critique pour le justifier, mais la plupart adhèrent à un service de santé au travail interentreprises. Ce partenaire joue un rôle central : il assure les visites médicales obligatoires, bien sûr, mais aussi bien plus. Conseils en prévention, analyses des situations de travail, alertes sur les facteurs de risques détectés lors des examens médicaux... Le médecin du travail voit ce que les RH ne voient pas toujours, y compris sur le plan mental.

Trop d'entreprises considèrent encore le service de santé au travail comme une contrainte administrative imposée par la loi. C'est au contraire un allié précieux pour anticiper les problèmes de santé mentale, identifier les signaux d'alerte précoces et proposer des aménagements de poste avant que la situation ne se dégrade.

Les acteurs internes à solliciter

A son niveau, le CSE doit être consulté sur la politique sociale de l'entreprise, les conditions de travail, les actions de prévention en matière de santé et sécurité. Cette consultation de l'instance représentative n'est pas une formalité. Dans les entreprises où le dialogue social fonctionne bien, le CSE devient un partenaire actif dans la détection des dysfonctionnements organisationnels et la co-construction de solutions adaptées.

Les ressources humaines pilotent naturellement les démarches de prévention : mise à jour du DUERP, déploiement des formations, suivi des situations individuelles sensibles, détection d'un comportement inhabituel. Mais elles ne peuvent pas tout faire seules. 

Les managers de proximité doivent être impliqués dans la détection et les premiers échanges avec les salariés en difficulté. 

Le dialogue social régulier fait toute la différence. Les entreprises qui ont instauré des espaces de discussion authentiques – pas des grand-messes corporate où tout le monde fait semblant que tout va bien – arrivent mieux à prévenir les crises. Les remontées terrain circulent, les alertes sont prises au sérieux, les solutions se construisent collectivement au sein de l’organisation.

Les ressources externes pour accompagner la santé mentale au travail

Il peut être complexe de vouloir tout maîtriser en interne. Les consultants spécialisés en risques psychosociaux apportent un regard extérieur, des méthodes éprouvées, une expertise que les équipes RH n'ont pas forcément. Ils interviennent pour réaliser des diagnostics approfondis, animer des ateliers de prévention, former les managers.

Les psychologues du travail et les coachs accompagnent les situations individuelles complexes. Quand un salarié traverse une période difficile (dépression, burn-out, harcèlement), l'appui d'un professionnel externe permet de prendre du recul, de verbaliser, de reconstruire. L'inspection du travail peut aussi être sollicitée, notamment en cas de suspicion de harcèlement moral ou de non-respect flagrant des obligations légales.

Un accompagnement juridique préventif évite bien des écueils. Beaucoup d'employeurs découvrent leurs obligations... après un contentieux. Anticiper, se faire conseiller en amont, vérifier que les procédures sont conformes.

Les solutions digitales et plateformes de bien-être, pour aller au delà des obligations légales

Le digital a transformé les possibilités d'accompagnement. Des outils d'évaluation et de suivi des RPS permettent de mesurer régulièrement le climat social, de repérer les équipes en souffrance, de suivre l'évolution des indicateurs dans le temps. Les plateformes de soutien psychologique à distance – téléconsultations avec des psychologues, applications de méditation, programmes de gestion du stress – facilitent l'accès à l'accompagnement, surtout pour les salariés isolés géographiquement ou réticents à en parler en interne.

Les solutions de pouvoir d'achat et d'aide sociale comme Klaro s'inscrivent dans cette logique d'accompagnement global. En permettant aux collaborateurs d'accéder facilement aux plus de 2 500 aides financières auxquelles ils ont droit, avec l'appui de conseillers dédiés, ces plateformes agissent sur un levier concret de bien-être : la sérénité financière. C'est un complément cohérent aux programmes de qualité de vie au travail plus classiques.

Les programmes intégrés de QVCT combinent plusieurs dimensions : prévention santé, accompagnement psychologique, solutions de mobilité, aide au pouvoir d'achat, équilibre vie pro-vie perso. L'approche holistique fonctionne mieux que les initiatives dispersées et déconnectées les unes des autres.

Un chiffre pour finir : les entreprises disposant d'un plan de prévention complet voient une augmentation de 26% de salariés en bonne santé mentale. Ce n'est pas négligeable. Et 83% des salariés bénéficiant de ces mesures estiment qu'elles améliorent effectivement leur santé mentale au travail.

Ce qu'il faut retenir sur l'obligation des employeurs en matière de santé mentale 

L'obligation de protéger la santé mentale des salariés n'est plus une zone grise du droit du travail. Le cadre légal mis en place par le gouvernement est clair, la jurisprudence sans ambiguïté, les sanctions potentiellement lourdes.

Mais au-delà de la conformité juridique, c'est un enjeu humain et économique majeur qui se joue. Comme évoqué précédemment, les troubles psychiques représentent aujourd’hui 31% des arrêts longue durée. Les salariés en souffrance sont moins engagés, moins productifs, plus absents. La prévention coûte toujours moins cher que la réparation – qu'elle soit humaine, juridique ou financière.

Passer d'une logique réactive à une démarche vraiment proactive suppose d'agir sur plusieurs leviers simultanément : évaluation rigoureuse des risques via le DUERP, formation des managers et des équipes, adaptation de l'organisation du travail, suivi médical structuré, soutien psychologique accessible. Et aussi, de plus en plus, accompagnement sur le stress financier, ce facteur trop longtemps négligé mais qui pèse lourdement sur le moral des collaborateurs.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 9 salariés sur 10 considèrent la santé mentale comme un enjeu de société important et attendent des mesures concrètes de la part de leur employeur. L'attente est là. Reste à y répondre avec des actions tangibles, mesurables, ancrées dans la réalité du terrain.

Vous souhaitez enrichir votre politique de bien-être au travail en agissant concrètement sur le stress financier de vos collaborateurs ? Découvrez comment Klaro accompagne les salariés dans l'accès à plus de 2 500 aides financières, avec un suivi personnalisé par des conseillers dédiés. Un levier simple mais efficace pour réduire l'anxiété liée à l'argent et améliorer la santé mentale globale de vos équipes. Demandez une démo.

Articles associés

Voir tous les articles
28/11/2025

Santé mentale au travail : quelles obligations de l'employeur ?

Décryptage des obligations de l’employeur en matière de santé mentale, des risques encourus et des actions concrètes à déployer.

21/11/2025

NAO 2026 : que demander pour satisfaire vos salariés tout en préservant les enjeux de l’entreprise ?

Préparez vos NAO 2026 efficacement : salaires, avantages sociaux, QVCT. Découvrez que demander pour booster le pouvoir d'achat de vos collaborateurs.

7/11/2025

NAO en entreprise : tout savoir sur la négociation annuelle obligatoire

Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur la NAO en entreprise : enjeux, obligations légales, étapes clés et conseils pour réussir vos négociations.