Une récente étude souligne la réalité de la "double peine" de pauvreté, où les 20 % des foyers français les moins aisés paient plus cher que le reste de la population pour de nombreux biens et services, créant ainsi un fardeau financier supplémentaire.
La Banque Postale et l'association Action Tank Entreprise & Pauvreté, à l’origine de cette étude relayée par Le Monde, alertent sur les résultats obtenus et notamment sur un chiffre concret : les ménages les plus pauvres ont un excédent de dépenses moyen de 700 euros par an en 2023.
Sans compter que cette moyenne dissimule des disparités relativement importantes : l’excédent atteint 1500 euros par an pour 1 million de Français.
La "double peine" de pauvreté : ses origines
La “double peine” de pauvreté, qui touche une partie de la population, peut naître de différentes façons. Cette liste, non exhaustive, présente les principales causes à l’origine de ce phénomène :
- Achat de biens de première nécessité en petites quantités : En raison d’une trésorerie (un “reste à vivre”) plus limité, les foyers les plus précaires sont contraints de faire des achats en plus petite quantité, ce qui entraîne des coûts unitaires plus élevés comparés aux achats en grande quantité, qui bénéficient d’économies d’échelle.
- Logement mal isolé : Les ménages ayant de faibles revenus sont souvent contraints d’occuper des logements dont l’isolation thermique est insuffisante et dont les dépenses énergétiques sont par conséquent élevées (pour le chauffage notamment, dont les prix ont augmenté de près de 10% début février 2024).
- Assurance habitation : Toujours concernant le logement, les assurances sont aussi un sujet sensible pour les foyers les moins aisés financièrement. En effet, dans certains quartiers où le risque est considéré plus élevé, les primes d'assurance habitation peuvent être également plus conséquentes. Les personnes qui y vivent se retrouvent alors confrontées à des dépenses supplémentaires et pourtant obligatoires.
- Déplacements : La plupart des foyers qui disposent de ressources financières limitées sont contraints de s'installer en périphérie des centres-ville pour se loger, ce qui engendre des dépenses supplémentaires pour se déplacer. C’est une vérité qui se vérifie pour les personnes qui utilisent une voiture particulière (ils consomment plus d’essence en raison des distances plus longues) comme pour celles qui favorisent les transports en commun (l’abonnement est souvent plus cher lorsqu’il permet de circuler dans des zones éloignées).
- Utilisation de véhicules anciens : Concernant les déplacements, nous pouvons aussi citer le problème relatif au type de véhicule utilisé par les foyers les plus précaires. Leur pouvoir d'achat ne leur permet souvent d'acquérir que des véhicules anciens, qui sont non seulement gourmands en termes de consommation de carburant, mais également sujets à des problèmes récurrents de réparation.
- Frais bancaires (crédit et découvert) : Les personnes en situation de précarité financière ont parfois recours au crédit ou se retrouvent à découvert sur leur compte bancaire. Les frais et les intérêts associés à ces services peuvent rapidement s'accumuler, augmentant ainsi la charge financière et créant un cercle vicieux.
Nous pouvons aussi citer les frais de santé qui peuvent vite représenter des sommes importantes pour les personnes ne disposant pas d'une mutuelle ou encore le fait de consommer des produits de qualité moyenne voire mauvaise pour profiter de prix attractifs mais qui ne durent pas dans le temps... et qu'il faut donc racheter plus fréquemment.
Quelles sont les solutions pour y mettre un terme ?
Le constat mis en lumière par cette étude est néanmoins l’occasion de se pencher sur les solutions existantes. Et l’on note assez clairement la nécessité d'améliorer le fonctionnement des soutiens publics et privés. En effet, des synergies peuvent être imaginées entre les actions menées par l’Etat et les initiatives prises par les entreprises du secteur privé, dont les moyens sont plus conséquents, pour mettre un terme à cette double pénalité et réduire les inégalités sociales.
« Les prestations sociales et les offres solidaires privées jouent un rôle redistributif fort, mais sont inéquitablement réparties, indique Jacques Berger, Directeur de l’Action Tank Entreprise & Pauvreté. [...] elles agissent comme des “filets de sécurité” garantissant l’accès à certains marchés sans pour autant compenser totalement l'impact de la double peine sur certains foyers les plus modestes. »
Par exemple, concernant les frais bancaires, la prévention pourrait être remise au centre de la relation entre les clients et les établissements, pour limiter les frais pour incidents bancaires dans un premier temps. Parmi les actions concrètes envisageables : la détection précoce des situations de fragilité financière et la proposition d’offres spécifiques.
En ce qui concerne les aides publiques, il s’agit de s’attaquer au phénomène de non-recours. De nombreux dispositifs enregistrent des taux de non-recours supérieurs à 30% et peuvent même atteindre jusqu’à 70% pour certaines populations comme les étudiants.
Une meilleure communication auprès des personnes concernées et la simplification des démarches pourraient considérablement réduire ces taux, entraînant par conséquent une diminution notable de la double peine dans les secteurs de dépenses visés.
Il ne s’agit pas de se focaliser uniquement sur les dispositifs dont le but est de compenser une inégalité de façon temporaire mais d’encourager aussi le passage à l’action pour des investissements plus importants comme le remplacement d’un véhicule, la rénovation énergétique, la création d’emplois via la défiscalisation, etc.
Chez Klaro, nous croyons fermement en l'importance d’une société plus équitable et inclusive. Chaque jour, nous travaillons à sensibiliser et accompagner nos utilisateurs dans la découverte et l'accès aux aides financières auxquelles ils ont droit parmi plus de 1500 dispositifs, nationaux comme locaux.
Aussi, afin de ne pas faire peser le coût de nos services sur les foyers dont les ressources peuvent être limitées, nous nous adressons aux entreprises qui souhaitent améliorer le pouvoir d’achat de leurs collaborateurs en leur offrant un compte Klaro (dont leur famille peut aussi bénéficier).
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