Sommaire :

    Le pouvoir d'achat, un concept souvent abordé dans les discussions économiques et politiques, demeure parfois ambigu quant à sa définition précise. Bien qu'il soit unanimement considéré comme la préoccupation principale des Français d'après les enquêtes d'opinion, savez-vous vraiment tout ce qu’englobe ce terme ?

    Définir le pouvoir d’achat

    Le pouvoir d'achat peut être simplement défini comme la capacité d'un revenu à acquérir une quantité de biens et de services. Selon l'Insee, il correspond "au volume de biens et services qu'un revenu permet d'acheter". En général, les statisticiens mesurent le pouvoir d'achat sous forme de dynamique : c'est-à-dire qu'ils évaluent son évolution par rapport à une période antérieure. Ainsi, il est fortement corrélé aux variations des prix et des revenus. 

    Pour faire simple : lorsque l'augmentation des revenus est supérieure à celle des prix, le pouvoir d'achat augmente. En revanche, si l'augmentation des prix dépasse celle des revenus, le pouvoir d'achat diminue.

    D'autres notions pour comprendre le pouvoir d'achat.

    Il existe d'autres termes étroitement liés à la définition du pouvoir d'achat :

    1. Inflation : elle se traduit par une augmentation générale et durable des prix, entraînant ainsi une perte de la valeur de la monnaie et du pouvoir d'achat.
    1. Indice des prix à la consommation (IPC) : il permet d'estimer la variation moyenne des prix d'un panier fixe de biens et de services couramment consommés par les ménages. Une sorte de panier moyen des français finalement ! L'IPC mesure l'inflation et sert de base pour calculer l'évolution du pouvoir d'achat. Il est également utilisé pour ajuster les loyers, les pensions alimentaires, les rentes viagères, ou encore l'indexation du Smic.
    2. Dépenses pré-engagées : il s'agit des dépenses liées à un contrat, difficiles à renégocier à court terme, telles que le loyer, l'électricité, les services de télécommunication, les assurances, etc.

    Calcul du pouvoir d'achat des particuliers

    Pour calculer le pouvoir d'achat, on utilise le revenu disponible, c'est-à-dire le revenu dont disposent les ménages. Dans ce cas, on prend en compte les revenus d'activité auxquels s'ajoutent d'éventuelles prestations sociales perçues (aides, sécurité sociale, etc.), puis on déduit les impôts payés.

    Les revenus d'activité incluent :

    • Les revenus du travail : il s'agit des salaires perçus par les individus, mais cela peut également inclure les honoraires pour les professions libérales ou les revenus pour les artisans, les commerçants et les entrepreneurs.
    • Les revenus de la propriété : il s'agit généralement de revenus qui sont liés à des investissements ou acquisitions, tels que les intérêts bancaires, les loyers perçus, les dividendes, etc.

    La mesure du pouvoir d’achat en France

    En France, l'Insee est chargé de mesurer le pouvoir d'achat, et cette tâche se révèle plutôt complexe lorsqu'il s'agit de mesurer le pouvoir d'achat d'un groupe d'individus.

    Pour évaluer le pouvoir d'achat, les économistes de l'Insee utilisent souvent l'indice des prix à la consommation (IPC, notion définie plus haut), qui mesure l'évolution des prix moyens des biens et services consommés par les ménages ou d'autres indicateurs similaires. L'IPC permet de suivre les variations des prix d'un panier de biens et services représentatif de la consommation courante. En comparant ces variations avec l'évolution des revenus, il est possible d'estimer les changements du pouvoir d'achat au fil du temps.

    Lorsqu'on veut mesurer le pouvoir d'achat, il y a plusieurs choses à prendre en compte. Habituellement, on regarde comment le revenu réel par personne évolue, en excluant l'inflation. Mais cette mesure peut être trompeuse, car une augmentation du revenu peut simplement être due à une population en croissance. Pour éviter cela, les économistes utilisent un concept appelé "unité de consommation", qui tient compte de la taille des ménages et des économies réalisées en vivant ensemble. Cette approche permet de calculer l'évolution du pouvoir d'achat par personne ou par unité de consommation, ce qui donne une vision plus précise de la réalité.

    Il est important de noter que cette approche se concentre principalement sur les biens que l'on achète, et ne tient pas compte d'autres aspects importants de notre niveau de vie. Par exemple, les biens et services fournis par les services publics, comme l'éducation et la santé, sont également essentiels pour comprendre le pouvoir d'achat. C'est pourquoi les statisticiens calculent un revenu "ajusté" qui prend en compte ces facteurs, ce qui donne une référence plus complète pour évaluer comment notre pouvoir d'achat évolue.

    En résumé, mesurer le pouvoir d'achat nécessite une approche globale qui considère à la fois les biens que nous achetons et les services fournis par les services publics. C'est ainsi que l'on peut avoir une vision complète du pouvoir d'achat.

    Pourquoi avons-nous souvent l’impression de perdre du pouvoir d’achat plutôt que d’en gagner ?

    Il est intéressant de constater que le ressenti des consommateurs quant à l'évolution de leur pouvoir d'achat diffère souvent des chiffres officiels rapportés par les statistiques. Un exemple frappant de cette divergence s'est manifesté lors des deux premières années du mouvement des Gilets Jaunes en 2018-2019, où l'augmentation des prix des carburants et la contestation de la taxe carbone étaient au cœur des débats. Malgré cela, les données statistiques indiquent que "le pouvoir d'achat des ménages était en hausse : +1,2% en 2018 et +2,1% en 2019". Surprenant n’est-ce pas ?

    Plusieurs éléments peuvent expliquer cette différence de perception chez les consommateurs. Tout d'abord, il faut prendre en compte les effets psychologiques qui interviennent. Il est courant de ressentir plus intensément les hausses de prix que les baisses, en particulier lorsque cela concerne des biens que nous achetons quotidiennement tels que les produits alimentaires, ou des éléments particulièrement sensibles comme le prix de l'essence, de l'électricité, du gaz ou des loyers.

    Le journal Le Monde souligne d'ailleurs que "plusieurs études académiques ont démontré que les consommateurs accordent plus d'attention à leurs dépenses régulières (essence, pain, produits frais...) et ont tendance à surestimer leur poids dans leur budget". En revanche, les achats occasionnels et les prélèvements automatiques passent souvent inaperçus. Pourtant, ces dépenses pré-engagées telles que le loyer, le chauffage, les services financiers ou les télécommunications réduisent considérablement la marge de manœuvre des ménages, en particulier pour ceux aux revenus modestes.

    La limite des statistiques

    Lorsqu'il s'agit d'évaluer le pouvoir d'achat, il est crucial de prendre en compte les divers biais associés à l'approche statistique. En effet, les analyses réalisées par l'Insee omettent de considérer le remboursement d'un emprunt immobilier comme une dépense courante, le considérant plutôt comme un investissement. Cela signifie que même si de nombreux ménages doivent faire face à une charge mensuelle importante et inévitable, elle est exclue du revenu disponible. 

    Pourtant, selon les informations gouvernementales, l'endettement des Français et le poids des charges financières dans le revenu augmentent

    Un autre point à mettre en lumière est la manière dont l'inflation est calculée en se basant sur des hypothèses. Pour ce faire, les organismes responsables de ce calcul établissent un panier de biens qui représente au mieux les habitudes de consommation des ménages. Chaque mois, des millions de prix sur des biens comparables, incluant le même modèle, la même marque et le même conditionnement, sont collectés par l'Insee. Les enquêteurs prennent en compte à la fois les marques les plus chères et les entrées de gamme, ainsi que les petits magasins des grandes villes et les hypermarchés des zones rurales.

    Cependant, cette méthode présente certaines limites, la plus évidente étant son caractère trop généralisé. 

    En effet, elle ne parvient pas à se rapprocher suffisamment des habitudes de consommation des différentes catégories de la population. Cette approche globale ne tient pas compte des spécificités et des disparités qui existent dans les habitudes de consommation.

    Agir sur le pouvoir d’achat 

    L'importance du pouvoir d'achat préoccupe grandement l'ensemble de la population. Malheureusement, le gouvernement a une influence limitée sur le revenu disponible brut des ménages. En ce qui concerne le salaire minimum (Smic), il est ajusté en fonction de l'inflation mesurée pour les 20% des ménages les plus défavorisés. Sa revalorisation périodique est basée sur la moitié de l'augmentation du pouvoir d'achat du salaire horaire moyen des ouvriers et des employés.

    Il est également possible pour le gouvernement de décider d'un "coup de pouce" au Smic, mais cela relève d'un choix politique. Le dernier "coup de pouce", qui remonte à juillet 2012, s'élevait à 0,6% et augmentait le salaire horaire de 5 centimes d'euro.

    Les dépenses pré-engagées et incompressibles représentent une part de plus en plus importante des dépenses de consommation des ménages, atteignant respectivement 34,6% et 28,2% en 2011. Selon l'Insee, entre 1960 et 2018, la part des dépenses pré-engagées dans le revenu disponible brut a augmenté de 12,6% à 29,2%

    Des mesures gouvernementales pour renforcer le pouvoir d'achat des ménages

    Ainsi, en réponse à la crise des Gilets jaunes, la loi du 24 décembre 2018 a introduit trois mesures d'urgence économiques et sociales :

    • Une prime exceptionnelle de pouvoir d'achat versée par les entreprises, exemptée de cotisations sociales.
    • L'exonération des cotisations salariales sur les heures supplémentaires.
    • Le rétablissement du taux de contribution sociale généralisée (CSG) à 6,6% sur les revenus de remplacement pour certains retraités.

    De plus, plusieurs mesures en faveur du pouvoir d'achat ont été mises en place ces dernières années, telles que :

    • La suppression de la taxe d'habitation.
    • L'augmentation du minimum vieillesse.
    • Un crédit d'impôt pour les services à la personne.
    • Des aides à la transition écologique comme le chèque énergie, les certificats d'économie d'énergie, la prime à la transition écologique et la prime à la conversion.

    Dans le contexte d'une augmentation exceptionnelle des prix de l'énergie, notamment de l'électricité et du gaz, les bénéficiaires du chèque énergie 2021, soit 5,8 millions de ménages, se voient attribuer un chèque complémentaire de 100 euros.

    Cependant, il est important de souligner, comme l’a mentionné la chef économiste de l'Insee, que toutes ces mesures sont souvent perçues par les ménages comme étant atténuées en raison d'autres mesures défavorables adoptées sur la même période.

    Carmel

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